Située dans une position stratégique entre l'Europe et l'Asie, au carrefour des voies de commerce et d'invasions, l'Arménie a été le champs de bataille perpétuel des grands empires d'Orient et d'Occident. La position géographique de l'Arménie a joué un grand rôle dans son histoire et sa culture, une histoire à la fois intrinsèque - un territoire et son peuple -, et totalement imbriquée avec celle de ses voisins, liée à l'histoire des grandes puissances gréco-romaine, byzantine, iranienne, arabe, turque ou caucasienne. 

        Peu de pays ont vu leurs frontières politiques aussi souvent modifiées que celles de l'Arménie au cours de leur histoire : en perpétuelle évolution, elles se sont tantôt agrandies, tantôt rétrécies suivant les guerres et dominations qu'a connu le pays. Aussi, il est impossible de lui attribuer des frontières fixes et valables pour toutes les époques qu'elle a traversées. 

        L'Arménie actuelle est composée de deux foyers : la République d'Arménie, qui compte environ 29 800km2, et le Haut-Kharabagh, 4 400 km2. Ce territoire ne représente qu'un dixième de l'Arménie Historique, couvrant quelques 300 000 km2 et comprenant une partie de la Turquie actuelle dite "Turquie orientale", la République d'Arménie actuelle, le Nakhitchevan (région autonome située au sud-ouest de l'Azerbaïdjan), l'Artsakh (partie de l'Azerbaïdjan, autrement nommée Haut-Kharabagh), des portions de territoires de la Géorgie, de l'Irak et de l'Iran. Mais trop souvent soumise aux invasions venant de l'est comme de l'ouest, le plateau arménien n'a connu qu'indépendances éphémères, partages et dépeçages. L'Arménie actuelle, partie nord-est du plateau arménien, est délimitée par la Géorgie au nord, l'Azerbaïdjan à l'est, l'Iran au sud-est et la Turquie au sud-ouest. On y retrouve les grands traits physiques et climatiques de l'ensemble du plateau qui imprègnent la conscience nationale : un pays montagneux constitué à 80% de hauteurs rocailleuses et dont l'emblème est l'Ararat biblique dominant le paysage. La "montagne sacrée" des arméniens, considérée comme le second berceau de l'humanité, le pays colonisé par Noé, est restée du côté turc de la frontière, au grand désespoir de son peuple. Le point culminant de l'Arménie actuelle reste donc l'Aragatz, deuxième montagne de l'Arménie, s'élevant à 4 000 mètres d'altitude. 

        Les légendes racontent que les arméniens sont les descendants d'un Héros du nom de Hayk, lui-même descendant direct de Noé : fils d'un certain Thorgom, petit-fils de Gomer, lui-même petit-fils de Noé. Après la destruction de la tour de Babel, Hayk et sa tribu, fuyant la tyrannie du roi Bel de Babylone, se seraient installés dans une vallée au pied de l'Ararat. Bel se lance donc à la poursuite de Hayk, mais ce dernier le tue et devient chef de la nation arménienne. Les arméniens se sont ainsi appelés eux-même "Hay" en langue arménienne, l'Arménie se disant "Hayastan", pays de Hayk. Un autre récit qui nous vient d'un historien du Vème siècle, Moïse de Khorène, rapporte les vaillants faits d'un certain Aram, qui a conféré aux arméniens le nom de "peuple des Armens" ou Arméniens, ainsi appelés par les nations voisines.